Hommage à “Sans Souci” : 16 ans après, le théâtre congolais se souvient d’un maître de scène hors pair
Seize ans après sa disparition, Matondo Mateya, alias « Sans Souci », demeure une figure emblématique et respectée du théâtre populaire congolais. Décédé le 23 juin 2009 à Kinshasa, cet artiste complet a marqué l’imaginaire collectif par un style unique, mêlant rigueur scénique, conscience sociale et accessibilité populaire.

D’abord musicien dans les années 1970 auprès des icônes comme Soki Vangu et Soki Emile, il bifurque rapidement vers le théâtre, son terrain d’expression privilégié. Il y apporte une voix singulière, formée à l’école de la troupe Salongo de l’OZRT, avant de créer son propre collectif : Sans Souci d’Afrique. Sous son impulsion, cette troupe deviendra une institution à travers la chaîne Antenne A, imposant des standards nouveaux dans le théâtre télévisé des années 1990 et 2000.
Loin du comique facile, Sans Souci fait du théâtre une tribune de vérité. Il aborde, avec une profondeur teintée d’humour, des thématiques sensibles : corruption, pouvoir religieux, précarité, abus d’autorité. Des œuvres comme Diallo contre Sans Souci ou Papa Pasteur traduisent sa volonté d’éveiller les consciences, sans jamais tomber dans la leçon de morale.
Mais Matondo Mateya n’était pas qu’un artiste ; il était un formateur et un passeur de relais. Des comédiens tels que Roch Bodo et Masumu Debrindet reconnaissent encore aujourd’hui l’impact de son encadrement et sa générosité artistique.
« Sans Souci » reste, seize ans après, un symbole du théâtre congolais exigeant, populaire et profondément humain.
JOEL NDEWASA
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